Ce que vos rêves disent de vous

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Rêve prémonitoire, avertissement, souvenir… ? Pourquoi fait-on des cauchemars qui n'ont rien à voir avec nos expériences ? Finalement, que signifient nos rêves ? Tout le monde a souhaité au moins une fois décrypter le rêve d'un proche ou comprendre le sien. Et pour cela, il faut déjà pouvoir s'en rappeler. D'après une étude publiée dans le magasine Sciencemag, des scientifiques japonais auraient trouvé un moyen de lire les rêves, d'observer et de comprendre l'activité cérébrale nocturne.

L'activité cérébrale ne s'arrête pas pendant la nuit. Le sommeil permet d'apaiser le cerveau qui est sollicité par la réflexion - exercice volontaire et intentionnel - durant la journée. C'est pourquoi au réveil, les idées sont plus claires. L'activité cérébrale est donc à distinguer de la réflexion. Lorsque vous dormez, vous accédez à 2 états : le sommeil et la rêverie. Chaque nuit, le cerveau rêve pendant 1h30 en moyenne. Cet état est mystérieux et encore incompris. Des scientifiques des TR Computational Neuroscience Laboratories à Kyoto ont observé cette activité cérébrale de la rêverie et du sommeil afin de décrypter les rêves.

Lire les rêves : une expérience fatigante

Pour lire les rêves, les médecins ont connectés 3 participants à des systèmes de détection d'activité cérébrale : un contrôle par imagerie à résonnance magnétique (IRM). L'expérience s'est tenue en 3 étapes : tout d'abord les 3 cobayes ont regardé de nombreuses images. Puis ils sont entrés en phase de sommeil léger. Enfin, dès qu'apparaissaient des signaux cérébraux traduisant une phase de rêve, le patient se faisait réveiller par le médecin et lui racontait ce qu'il avait vécu. Puis il se rendormait. Les médecins de leur coté notaient les descriptions, plus ou moins précises, associées aux divers pics de l'activité cérébrale.

Ce manège s'est opéré plusieurs centaines de fois, afin d'établir le plus précisément possible une sorte de lexique. Aussi, lorsqu'un rêve était raconté brièvement, les phases-clés étaient associées à certains pics. Aussi pour l'exemple: "j'ai vu une voiture puis un chien derrière un grand arbre", les mots "voiture" "chien" et "arbre" sont associés à certaines activités cérébrales. Cette étape consiste à dresser une sorte de lexique, traduisant une activité cérébrale en catégories d'objets (livres, véhicules, personnalités, etc.).

Scan IRM

Premier dictionnaire universel de la "langue du sommeil"

Afin de vérifier la véracité des relations entre tel pic cérébral et tel objet, les médecins ont comparé les activités cérébrales du sommeil et de l'éveil. Toujours connectés à l'IRM, les participants ont observé certaines images qui reprenaient ce à quoi ils avaient rêvé : à celui qui a rêvé d'une voiture, du chien et de l'arbre, ont été présentées des photos de voiture, de chien et d'arbre. L'activité cérébrale d'éveil était la même que l'activité cérébrale du sommeil. Autrement dit, le cerveau répondait de la même manière face à la photo de voiture, que pendant le rêve de la voiture.

Dans un premier temps, le travail de recherche repose sur la distinction des catégories. Autrement dit, que vous rêviez d'un chanteur ou d'un président, la traduction sera la même : une personnalité.

Cependant, après avoir dressé une liste assez fournie, les chercheurs l'ont testée : les participants ont rêvé, les scientifiques ont observé. À leur réveil, les médecins ont essayé de deviner les rêves des cobayes. Cet exercice, effectué à plusieurs reprises, a été couronné de succès pour 60 à 70 % des cas. Les chercheurs avertissent qu'ils sont encore très loin de décrypter des rêves, mais la première lecture, même grossière, est révolutionnaire. De plus, cela prouve, d'une part, que les images vues récemment jouent un rôle décisif dans le rêve, mais surtout que les images rêvées sont traduites par une activité cérébrale qui peut être analysée, expliquent les scientifiques.  

Exemple d'IRM

Entre rêve et réalité, quelle frontière ?

Peut-être qu'un jour, des rêves seront enregistrés et diffusés, propose Yoshiyuki Onuki, l'un des participants interrogé par une chaine télévisée. Cependant, pour Abderrahmane Kheddar, directeur d'un laboratoire franco-japonais de robotique, les rêves ont une importance toute particulière pour la psychologie : mettre en rapport les rêves des gens ayant une même pathologie, ou comprendre par le rêve ce qu'une personne refoule et ne peut affronter, pourrait faire considérablement avancer les soins cérébraux et psychologiques, ainsi que la compréhension de certains troubles.

Même si prendre ses rêves pour des réalités n'a jamais été conseillé, la lecture des rêves pourrait être un atout de taille pour la police, selon Kheddar, d'après les informations relayées par LCI. En effet, si la lecture des rêves est mise au point, les forces de l'ordre découvriraient, à l'insu des criminels, des informations personnelles et secrètes qui pourraient débloquer des enquêtes, poser un nom sur un visage et inversement, en un mot devenir une aide très précieuse. Car finalement, qui sait ce que nos rêves diront de nous ?

Sources : Futura Sciences ; Sciencemag.org ; LCI