La filiale du groupe Bouygues TF1 veut racheter sa concurrente M6. Les deux chaînes présentent cette transaction comme un moyen de faire face à Netflix et aux géants du streaming. Entre la négociation avec l’Autorité de la concurrence, le refus du gouvernement de donner un coup de pouce, où en est réellement cette tentative de fusion ?
TF1 et M6, habitués à travailler ensemble notamment lors de la mise en place de la timide plateforme de streaming française Salto, ont trouvé un accord pour une fusion... Les deux groupes envisagent de conclure l’affaire avant la fin de l’année 2022.
Comment Bouygues souhaite racheter M6 ?
Sur le secteur des médias, toutes les attentions sont attirées par le rachat de M6 par TF1. L’opération risque de chambouler le secteur si elle venait à se concrétiser. Pour ce rachat, le groupe Bouygues entend mettre sur table la coquette somme de 641 millions d’euros. En contrepartie, TF1 récupère 30% des titres du groupe M6. L’allemand Berteslmann, quant à lui, conserve 16% du capital. Il s’agit d’une stratégie destinée à faciliter les négociations déjà houleuses avec l’Autorité de la concurrence.
Une longue période de discussion entre les deux groupes a permis de trouver ces accords. Il faut dire qu’ils avaient préparé le coup depuis un moment. De plus, ils sont conseillés par deux organismes habitués à ce genre d’opération, la banque Rothschild pour Bouygues et JPMorgan Chase pour Bertelsmann .
Ce qu’implique cette fusion
Les deux groupes envisagent de finaliser le rachat le plus tôt possible. Précisément, ils veulent le conclure avant la redistribution des fréquences TNT. De grands changements vont se produire, notamment au niveau de la direction. Selon les informations, l’actuel président du directoire du groupe M6, Nicolas de Tavernost, prendra la place de PDG du nouveau groupe. Quant à Gilles Pélisson, le PDG actuel de TF1, il rejoindra la direction générale de Bouygues. Sa principale mission étant de diriger les activités médias et développement du groupe.
Sur le marché des médias, cette fusion renforcera la position de leader de TF1 avec une part de marché de 70%. Pour rappel, TF1 a réalisé un chiffre d’affaires de 1,41 milliards d’euros dans la branche des publicités dans laquelle WhatsApp a débarqué en 2020. M6, elle, a réussi à générer 830 millions d’euros sur la même année.
Refus du gouvernement de favoriser le rachat
Cette opération de rachat rencontre pas mal d’obstacles. Les deux plus grands problèmes ont un lien avec la redistribution des fréquences TNT de la Une et de la Six. Elle s’effectuera en 2023 en prenant en compte des critères précis. L’un d’entre eux est la position dominante. Les 70% de part du marché, des médias TNT où France 4 est absent, et le nouveau format de TF1 risquent d'handicaper sa candidature. De plus, il est interdit d’acheter une chaîne durant les cinq années suivant la redistribution des fréquences. Pour avoir le champ libre, les deux groupes ont tenté de trouver de l’aide auprès de l’exécutif. Les sénateurs ont pour leur part validé l’opération avec le vote de deux amendements. Cependant, le gouvernement s’opposant à la transaction, a également déposé deux amendements pour supprimer les coups de pouce du Sénat.