Trop de ruches en ville ?

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Trop de ruches en ville ? / Istock.com - olrat
Trop de ruches en ville ? / Istock.com - olrat

La disparition des abeilles n’est plus un fait supposé, c’est désormais une réalité alarmante. Ces insectes jouent pourtant un rôle majeur dans l’environnement. Leur éradication serait mortelle pour l’écosystème. Pour tenter d’enrayer ce phénomène, l’installation des ruches en milieu urbain a été vivement encouragée ces dernières années. Si l’initiative permet de sauvegarder un grand nombre d’abeilles, elle ne serait pas sans conséquence.

En ville, les chiens, les chats et les rongeurs ne sont pas les seuls animaux domestiqués. Menacées par une extinction imminente, les abeilles se sont vues construire des refuges dans les centres urbains de la France. Les parcs, les centres commerciaux, mais surtout les toits d’immeuble ont ainsi accueilli en masse des ruches d’abeilles. Pourtant, malgré la bonne intention, il s’agirait là d’une mauvaise façon de s’y prendre.

Trop de ruches urbaines

Face à une fin imminente des abeilles, des insectes indispensables au maintien de l’environnement, les ruches urbaines ont été adoptées comme solution de sauvegarde. Ces insectes ont été invités en milieu urbain il y a quelques années. En effet, les ruches en ville constituaient pour eux un refuge non exposé aux pesticides. De ce fait, leur installation a été vivement encouragée, notamment à Paris. Selon les chiffres affichés sur le site de la mairie, la capitale ne compterait pas moins de 700 ruches et n’est pas disposée à s’arrêter là. Un plan baptisé “Ruches et pollinisateurs” a même été instauré en 2017 pour faciliter les démarches liées aux installations.

Une menace persistante

Pour se justifier, la municipalité avance que “la préservation des abeilles participe à la sauvegarde de la planète”, ce qui est loin d’être faux. Toutefois, certaines métropoles, notamment Lyon, et d’autres villes françaises comme Metz et Besançon se rétractent depuis 2015. Ainsi, installer une ruche dans le jardin n’est plus autorisé dans ces communes. En effet, la préservation en masse des abeilles domestiques serait en réalité néfaste pour les autres insectes pollinisateurs, dont les espèces d’abeilles sauvages. Parmi les quelque mille espèces d’abeilles existant en France, seul l’Apis Mellifera, l’abeille à miel la plus connue, est domestiqué. Sa survie en milieu urbain se fait ainsi au détriment de celle des autres espèces d’abeilles, sauvages et solitaires, mais tout aussi importantes.

Des recherches menées sur les ruches urbaines

Pour apporter de la lumière sur ce sujet, des chercheurs ont consacré trois années d’études à Paris. Les résultats ont été publiés en septembre dernier dans la revue Plos One. “On a observé que là où des ruches domestiques sont installées, il y a moins de passages de pollinisateurs sauvages”, affirme Isabelle Dajoz, professeure et co-autrice de l’étude. Au passage, elle dénonce également le véritable nombre de ruches installées à Paris, qui serait de 2 500 en réalité. Concrètement, cela donne une densité de 20 ruches/km², ce qui excède considérablement la moyenne de 3 ruches/km². Les congénères sauvages des abeilles domestiques s’en retrouvent ainsi fortement compromises. Pour maintenir la diversité des pollinisateurs, les ruches urbaines doivent cesser d’augmenter. Pour sauver la planète, une abeille instagrameuse fait sensation sur la Toile.