Immobilier : le grand plongeon des mises en chantier

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Les chiffres du ministère du logement publiés mardi 26 février montrent des signes inquiétants d'un effondrement du marché de l'immobilier : des experts se permettent même un rapprochement avec les chiffres de 1998, au moment de la dernière crise. Les ventes de logements neuf avaient subit une correction de 38 %, passant sous les 300 000 unités, un niveau jugé critique. Surtout, cette tendance à la baisse est révélée alors que le gouvernement a annoncé vouloir la construction de 500 000 nouveaux logements en 2013, pour répondre aux difficultés croissantes d'une partie de la population à se loger.

Les ventes de logements neufs ont baissées de 18 % en 2012, et, plus grave, les mises en chantier de logements neufs ont reculé de 28 % sur le dernier trimestre. Les permis de construire ont baissés de 19,1 %, sur la même période. En tout, il s'est vendu 86 200 logements neufs pendant l'année 2012, et le nombre de mises en chantier - 298 272  - est en baisse de 21,6 % par rapport à l'année précédente, et passé sous la barre des 300 000. Les permis de construire accordés - 429 403 sur les 12 derniers mois (février 2012 à janvier 2013) - sont en baisse de 7,9 % par rapport aux 12 mois précédents. L'immobilier parisien devrait subir dans le meilleur des cas une correction de 0 à 5 % pour les biens de bonne qualité situés dans des quartiers chers, et de 5 à 10 % pour les quartiers plus périphériques ou populaires, ou pour les biens de qualité moindre ou de plus grande surface.

Un secteur en récession ou l'éclatement d'une bulle ?

La question récurrente chez les particuliers est la suivante : est-il raisonnable d'acheter un logement à ces prix, ou faut-il attendre une correction qui pourrait être conséquente ? En d'autres termes : et si la hausse vertigineuse des prix de l'immobilier ces 10 dernières années était le fait d'une bulle spéculative, par nature vouée à éclater, quelles seraient les conséquences sur le logement dans notre pays ? Du côté des professionnels, on se veut rassurant, mais les questions posées sont les mêmes : et si la crise de l'immobilier tant redoutée était là ? Pour l'instant, tout ce qu'on a est un "tassement" des prix en centres-villes, et une baisse en milieu rural qui peut atteindre 10 à 15 %, ce qui est déjà considérable, mais ne constitue pas l'éclatement d'une bulle pour autant.

D'une part, la baisse de rendement de l'immobilier locatif dans les grandes villes (où les prix à l'achat sont beaucoup trop hauts pour qu'un bien puisse être rentable à court ou moyen terme) qui fait chuter la demande, et d'autre part l'atonie du secteur professionnel, font que l'immobilier se tient à peu près, même si la tendance est localement à la baisse. Du fait que l'offre de biens diminue autant que le marché, la baisse se limite pour l'instant à environ 2 %, ce qui équilibre le marché autour du niveau actuel. Mais il suffirait d'une accélération de cette baisse pour que la bulle éclate, précipitant alors tout le secteur de l'immobilier et de la construction dans une correction magistrale, pouvant atteindre 30 ou 40 %, qui aurait des conséquences très graves sur l'économie, du fait d'une dépréciation des actifs immobiliers, qui constituent une part essentielle de l'épargne.