Immobilier : les propriétaires qui ne louent pas cher

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Ces propriétaires qui ne louent pas cher / iStock.com - sturti
Ces propriétaires qui ne louent pas cher / iStock.com - sturti

Au milieu de l'actualité morose de ces derniers jours avec des histoires de logements indécents sur fond de crise et de hausse des prix de l'immobilier, voici quelques exemples de héros ordinaires. Ils s'appellent Anne, Hervé ou Corinne, et ils vont à contre-courant de leur époque en offrant à des personnes en difficultés la possibilité de louer un studio ou une chambre de bonne à des prix bien inférieurs à ceux du marché.

Un loyer symbolique

Anne Morin, 87 ans, habite dans un luxueux appartement du VIe arrondissement parisien, vers le jardin du Luxembourg. C'est là aussi qu'elle possède une chambre de bonne, qu'elle a décidé de louer il y a 10 ans à celui qu'elle croisait le matin, qui dormait devant l'entrée du parking de son immeuble, Slaven. Il était SDF, il est devenu le locataire de la chambre de bonne de 9 m2, au 6e étage, pour seulement 80 €/mois ! Anne se souvient : "Je l'avais déjà repéré, on avait sympathisé, je lui parlais souvent dans la rue". Il lui paie en liquide le loyer qui n'a pas changé depuis 10 ans.

"On habite dans un quartier favorisé, et mon mari et moi ne comprenons pas que les gens louent à des prix si forts leurs chambres de bonnes". Bien sûr, elle a senti que les copropriétaires n'ont pas tout de suite vu l'arrivée d'un SDF dans leur immeuble avec beaucoup de chaleur. "Mais finalement, dit-elle, tout le monde est très aimable et même plus souriant depuis". En plus de la chambre de bonne louée 80 euros, Anne dispose d'un "cagibi juste assez grand pour y mettre un lit, une chaise, une petite table et un lavabo. Je demandais 12 euros par mois au début, puis j'ai arrêté". Elle prête la chambre à un médecin algérien qui y poursuit ses études.

Des motivations différentes

Les municipalités, comme la mairie de Paris depuis 2007, mettent en place des dispositifs comme "Louez solidaire", qui permettent à des propriétaires de louer leur bien à une agence, qui le sous-loue ensuite à une personne en difficulté. Ce montage permet à l'association d'amortir les difficultés qui peuvent survenir du côté du locataire et de garantir auprès du propriétaire le paiement du loyer et des charges. Il y a une incitation fiscale à la clé, mais ce dispositif reste un peu moins avantageux que les autres dispositifs d'incitation fiscale (Robien, Carrez remplacé par Duflot), donc le choix de ce dispositif découle d'une volonté d'aider des personnes en difficultés à se loger.

C'est le choix qu'on fait Hervé et Corinne, qui sont passés par l'association "Pour Loger". Ils ont acheté un studio de 30 m2 avec 10 m2 de jardin près des Buttes-Chaumont dans le XIXe arrondissement à Paris et leur conseiller à la banque leur a parlé de ce dispositif. Les conditions fiscales intéressantes et le caractère social de l'investissement les ont convaincus.

Dans ce système, le locataire ne consacre pas plus de 25 % de ses revenus à son loyer ; Agnèlè est bénéficiaire de cette association depuis deux ans et a pu ainsi sortir de l'hôtel social insalubre dans lequel elle vivait avec ses deux enfants. "Au début, raconte-t-elle, je gagnais 700 € par mois, je payais 175 € de loyer. Maintenant, je gagne 1650 € en travaillant 50 heures par semaines, je paye donc 410 € par mois. Financièrement, je m'en sors enfin."