À l'adolescence, un chagrin d'amour n'est jamais banal

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Ça y est, l'été arrive à grands pas, charriant dans son sillage le doux parfum du soleil ou, à défaut, des vacances. L'occasion pour beaucoup d'adolescents de découvrir, à mille lieues de chez eux, de nouveaux horizons et parfois même l'amour. Mais attention : derrière les bonnes surprises se cachent parfois de lourdes déceptions voire même le chagrin. Or, un chagrin d'amour est parfois plus douloureux qu'on ne le pense. Aussi, faut-il donc savoir comment y faire face.

Pour la psychologue Béatrice Copper-Royer, un chagrin d'amour, capable de remettre profondément en question l'équilibre parfois précaire d'un adolescent, n'est jamais une chose anodine. Pour cette raison, les parents doivent donc faire à cet égard preuve de vigilance. Car il ne faut pas oublier que le sentiment amoureux sous tend bien souvent à la fois un regain de confiance, en renforçant l'image de l'adolescent, tout en lui donnant une nouvelle impulsion pour prendre ses distances avec le nid familial. Autrement dit, cet épisode contribue à lui faire quitter l'enfance pour faire un pas vers l'âge adulte.

Résultat : dès l'arrivée de la rupture, c'est en réalité tout un monde qui s'effondre, où le chagrin sous-jacent peut vite passer de la simple tristesse à la dépression. Et si tel est le cas, ce chagrin va alors raviver quelques blessures de l'enfance, renvoyant notamment l'adolescent vers les fantasmes d'abandon de ses premières années. Dans ce cas, lorsque l'on se sent mal aimé, abandonné sans explications, et ce que l'on soit adulte ou adolescent, les doutes et la perplexité nous submergent. Problème : rien de plus écrasant, sans aucun doute, que de désirer une personne qui ne nous désire pas quand on est un adolescent manquant d'expérience et d'assurance, pour qui l'amour ne renvoie qu'à l'amour inconditionnel que lui portent ses parents.

C'est donc pour cette raison que les jeunes racontent parfois à leurs parents leurs chagrins d'amour avec tant de force et d'affectation, ressassant leurs défauts, leur colère et leur peine. Mais face à cette situation, on se retrouve souvent démunis, incapable d'effacer cette souffrance.

Que faut-il dire à l'adolescent chagriné ?

S'il est important de ne pas tomber dans le drame familial, il est aussi impératif de ne jamais sous estimer une rupture amoureuse, et ce même s'il ne s'agit, à nos yeux d'adultes, que d'une banale amourette. Or, avoir des mots trop dépersonnalisés reviendrait à remettre en cause ses émotions, à souligner qu'il n'est pas suffisamment mature pour éprouver de tels sentiments, alors que c'est à ce moment précis qu'il attend qu'on le traite comme un "grand".

Ainsi, le mieux est sans doute de jouer la carte de l'empathie : rester présent, sans pour autant se faire intrusif, être à l'écoute dès que nécessaire, bref, accompagner avec affection. Évidemment, l'adolescent en dépression doit aussi laisser du temps au temps et ne pas refouler sa tristesse. Et si toutefois, cette période devait se prolonger au-delà de quelques semaines, alors une consultation pourrait  être la solution. Mais attention : ce genre de situation est rare.

Quoiqu'il en soit, reste que le fait de surmonter un chagrin d'amour aura permis à l'adolescent d'apprendre qu'il n'est ni tout puissant ni en possession des sentiments de l'autre. Une expérience qui, selon Béatrice Copper-Royer, aura par ailleurs contribué à le faire grandir.

Sources : beatrice-copper-royer.fr, Famille sens dessus dessous