Le présentéisme, quand on travaille même malade

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Le présentéisme, quand on travaille même malade / Istock.com - Django
Le présentéisme, quand on travaille même malade / Istock.com - Django

Le monde du travail est en constante évolution. Les jeunes générations entrent dans le domaine professionnel, amenant avec eux un nouveau phénomène. Baptisé “présentéisme maladie”, il se traduit par des employés qui, malgré le fait qu’ils soient souffrants, viennent quand même travailler. Ainsi, les arrêts maladie accordés sont de moins en moins respectés.

Après l’absentéisme, c’est maintenant au tour du présentéisme de faire parler de lui. Plutôt que de rester chez eux, même s’ils ont droit à un repos maladie justifié, de plus en plus d’individus viennent travailler en dépit de leur état. Dévouement inconditionnel envers l’entreprise ou crainte liée à des raisons financières ? Zoom sur ce phénomène croissant.

Le présentéisme, des chiffres inquiétants relevés

Le présentéisme maladie est de plus en plus fréquent dans le milieu professionnel. Une enquête sur le sujet a récemment été menée par Malakoff Médéric Humanis. Les résultats ont été publiés en novembre dernier. Pas moins de 65% des salariés interrogés auraient déjà été sur leur lieu de travail malgré un arrêt de travail imposé lors de ces 12 derniers mois. Sur une période de trois ans, cette tendance au présentéisme n’a cessé de croitre en France. Après observation, il a également été possible de dégager une plus forte fréquence de présentéisme chez les postes-cadres (72%). Cette tendance est particulièrement prononcée dans les sociétés où le salaire n’est pas maintenu durant les trois premiers jours d’absence maladie. De ce fait, avec l’instauration prochaine du jour de carence obligatoire pour tous, la situation risque d’empirer.

Les causes du présentéisme

Les répondants à l’enquête ont fait part de différentes raisons qui les ont amenés à se présenter au travail malgré leur état souffrant. Ainsi, dans 39% des cas, les salariés concernés disent “qu’il n’est pas dans leurs habitudes de se laisser aller”. Après tout, qu’est-ce qu’une petite douleur lombaire qui peut être soulagée par la chiropraxie face aux nombreuses responsabilités qui attendent au travail ? 30% des sondés reconnaissent qu’une maladie ne suffit pas à les arrêter et 18% de ces derniers avouent ne pas vouloir accabler leurs collègues de charges supplémentaires. Néanmoins, avec le temps, cette conscience professionnelle a pris du recul. En effet, désormais, 37% de ces salariés préfèrent se présenter à cause de la non-prise en charge par l’entreprise des journées non travaillées.

Les conséquences du présentéisme sur l’entreprise

Contrairement aux apparences, le présentéisme maladie est loin d’être bénéfique pour l’entreprise. Une baisse considérable du bien-être des travailleurs et de leur satisfaction en résulte immanquablement. En outre, le salarié qui reste à son poste alors qu’il devrait se reposer chez lui risque d’émettre des ondes négatives, rendant l’environnement désagréable pour ses collègues. À savoir que le présentéisme maladie engendre de nombreux coûts directs et indirects, compliquant considérablement la mesure de ses impacts financiers. Néanmoins, selon les analyses scientifiques de Sara Evans-Lacko et Martin Knapp réalisées en 2016, le coût du présentéisme serait cinq à dix fois plus élevé que celui de l’absentéisme. Sur le long terme, la pratique du présentéisme peut ainsi aboutir aux symptômes du burn-out.