Vers une meilleure prévention du stress au travail

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Vers une meilleure prévention du stress au travail
Vers une meilleure prévention du stress au travail

Les conditions de travail deviennent de plus en plus dures pour les employés. Ils sont nombreux à se plaindre d’un niveau de stress important. Le contexte économique, les conditions et les exigences accrues ont des répercussions importantes sur la santé psychologique du salarié. Le 14 mai 2013, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) publiait un avis pour une meilleure prévention du travail. Il plaide en faveur d’une meilleure reconnaissance de ces troubles en tant que facteur de maladie professionnelle.

En 2005, l’opinion publique découvrait un nouveau mal être au travail : les employés de France Télécom subissaient un niveau de stress incroyable conduisant à une vague de suicide. Entre 2007 et 2010, le nombre de salariés s’étant donné la mort au sein du groupe France Télécom s’élèverait à 57.

Qu'appelle-t-on risques psychosociaux ?

Ce phénomène alarmant a laissé place au terme de "troubles psychosociaux". Dans un avis adopté hier, le Cese plaide pour la prévention de ces risques dans les entreprises. Mais quels sont-ils exactement ?

Les RPS ou risques psychosociaux sont tous les troubles qui impliquent un mal être au sein du travail. Ils peuvent donc recouvrir plusieurs domaines dans le monde de l’entreprise, ils concernent autant le harcèlement moral ou sexuel que l’épuisement professionnel ou les violences extérieures subites par le salarié voire par le suicide au travail.

La montée du chômage et des exigences accrues en cause

Un collège d’experts a travaillé à propos de ces risques sociaux, rapporte Sylvie Brunet, rapporteur de l’avis, à France Info. Ils ont défini six domaines facteurs de ces risques psychosociaux : les exigences au travail, la déficience au travail (c'est-à-dire les relations entre salariés), la charge émotionnelle subie, l’insécurité de l’emploi, les conflits de valeurs et enfin la déficience des rapports sociaux.

La cause la plus répandue serait les conflits de valeurs. Avec la mutation du travail qui s’accélère, les exigences sont de plus en plus importantes en termes de quantité. Enfin, au vu de la situation économique actuelle, c’est également l’insécurité de l’emploi qui joue un rôle important sur la santé du salarié. Plus le chômage augmente, plus le stress des salariés s’accroît, anxieux pour leur future situation sociale.

Un stress généralisé

Le phénomène de la vague de suicide chez France Télécom a choqué l’opinion publique et a dévoilé un réel malaise au sein du travail. Aujourd’hui,  les anciens PDG sont en jugement et un document datant de 2006 a été récemment révélé par Le Parisien. Il démontre du harcèlement moral qu’auraient subi les salariés de l’époque.

Ce phénomène de suicide aurait donc levé le voile sur un mal être en entreprise bien plus vaste. En 2010, une étude de l’IFOP annonçait que 62 % des salariés subissaient un niveau de stress élevé au travail et 3/10 avouaient que leur travail pouvait leur causer un grave risque de problème psychologique.

Pour Sylvie Brunet, ces troubles ne se trouvent pas seulement en France mais également dans d’autres pays développés en Europe et outre Atlantique, elle cite entre autre le Québec ou les États-Unis. Pour le Cese, le contexte économique actuel est la principale cause de ces troubles, tout s’accélère et on en oublie l’impact humain.

Une meilleure prévention des troubles

Les risques psychosociaux sont encore faiblement pris en compte pour le Cese. Sylvie Brunet déplore des mesures insuffisantes et peu efficaces. L’avis d’une centaine de pages plaide pour une meilleure prévention.

Le Cese préconise surtout une prévention au niveau de la réorganisation ou de la restructuration des entreprises. Une étude d’impact en amont sur le plan organisationnel et humain doit être obligatoire. Même si certaines entreprises l’effectuent déjà aujourd’hui, l’étude reste encore peu visible voire confidentielle.

Entre autres, les troubles psychologiques et sociaux étant très peu pris en compte, le Cese souhaiterait assouplir leurs critères de reconnaissance afin qu’ils soient définis comme étant des facteurs de maladie professionnelle. Ils appellent d’ailleurs à une négociation interprofessionnelle à ce sujet.

Pour le Conseil, les troubles ne concernent pas seulement l’employé mais également les demandeurs d’emploi. Il recommande un suivi médical pour les chômeurs qui seraient assurés par les services de santé au travail. Ce suivi se déroulerait selon une certaine période définie avec les partenaires sociaux.

Toujours en termes de prévention, il recommande un meilleur développement des unités hospitalières de consultation "santé psychologique et travail" afin d’accueillir les salariés souffrants. Enfin, pour une meilleure vie du salarié, le Cese veut réactiver le droit d’expression sur le lieu de travail afin d’améliorer la prise de parole du salarié. Il disposerait d’un quota d’heures afin de débattre de son travail avec ses collègues ou encadrants.

Cet avis pourrait être utile lors de la conférence sociale les 20 et 21 juin prochains. L’État et les partenaires sociaux se réuniront afin de débattre sur le sujet de la qualité et de la santé au travail.