Pourquoi l'urgence climatique est aussi une urgence médicale

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Le réchauffement climatique constitue une urgence sanitaire
Le réchauffement climatique constitue une urgence sanitaire

Une augmentation des températures de 4°C serait désastreuse, bien évidemment pour l’environnement mais surtout pour la santé. C’est en substance ce que rappelle un rapport de l’UCL, qui attribue de nouveau au changement climatique les principaux maux du 21e siècle en matière de santé.

À la suite de la publication d’un rapport co-écrit par The Lancet et le University College de Londres (UCL) le 23 juin, le professeur Anthony Castello a déclaré qu’"atteindre les 4°C de réchauffement aurait des effets catastrophiques sur la santé de l'homme. C'est une situation qui pourrait remettre en cause tous les progrès de ce dernier demi-siècle", a-t-il ajouté. Avant de conclure que "l'urgence climatique est une urgence médicale". Rappelons qu'un rapport avait déjà été publié en 2009 affirmant que le changement climatique était "la plus grande menace mondiale pour la santé publique au 21e siècle"

 

L’urgence sanitaire

Ces deux rapports alarmistes visent à faire prendre conscience à la population que le réchauffement climatique pourrait devenir un problème de santé au niveau mondial. Selon leurs conclusions, inondations, propagations de maladies, violentes tempêtes et famines vont en effet se succéder à une vitesse accélérée. Phénomènes qui devraient induire la multiplication des "réfugiés climatiques", qui sont déjà trois fois plus nombreux que les réfugiés  de guerre. C’est ainsi que leur nombre pourrait atteindre 250 millions d’ici 2050, selon l’ONU.

Mais pour les populations des pays les plus développés, les risques liés au réchauffement climatique sont également importants. Outre l’accroissement des vagues de chaleur et du stress thermique (provoqué par l’accumulation de chaleur dans l’organisme), des difficultés à respirer ou encore une augmentation des malformations génitales des nouveaux nés sont pointées par une récente étude publiée par le CHU de Montpellier. Comme le résume le professeur Costello : "nous prenons du poids, nous avons des crises cardiaques, du diabète, des problèmes à respirer. Nous sommes confrontés à la dépression, l'anxiété... [Or dans ces conditions], tout ce que nous ferons contre le changement climatique - qu'il s'agisse de nouvelles façons de nous déplacer, comme la marche à pied ou le vélo, de meilleures habitudes alimentaires ou encore de lutte contre la pollution - profitera à notre santé".

 

Quelles solutions envisager ?

Selon certaines estimations, une forte réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2030 éviterait 500 000 morts prématurés par an. Mais à ce titre, quelles solutions adopter ? Le rapport lance quelques pistes : réduire les émissions de CO2 pour stabiliser l’augmentation des températures, sensibiliser la population, mener une action publique globale regroupant gouvernements, Organisations Non Gouvernementales et institutions académiques. Alors que les pays du G20 accordent en moyenne 70 milliards d’euros par an de subventions à l’exploration des énergies fossiles, la commission recommande de sortir du charbon, qui pollue l’air et entraîne 22 000 décès prématurés chaque année. D’après l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), augmenter de 36% la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici 2030 permettrait d’éviter 230 milliards de dollars par an de dommages sanitaires.

Sensibiliser les populations et les inciter à changer de comportements au quotidien pourraient également s’avérer très fructueux. Dans cette optique, opter pour le vélo ou la marche à pieds plutôt que pour la voiture réduirait la pollution, l’obésité et les maladies cardio-vasculaires. Pathologies qui sont du reste responsables de 17 millions de décès chaque année, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.

 

Quid de l’aspect économique ?

Il semblerait que les coûts du changement climatique excèdent largement ceux de sa prévention, d’après le rapport Stern (2006). Le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) estime que le coût du réchauffement climatique sur les économies mondiales pourrait atteindre les 1 050 milliards d’euros en 2010. Ce coût s’expliquerait principalement par la baisse de la production agricole mondiale si la température montait de 2,5°C. Une hypothèse toujours d'actualité.

À noter que côté bénéfice, la Commission européenne a récemment estimé que l’abaissement de la pollution de l’air dans l’Union européenne permettrait de réduire la mortalité. Et en pratique de gagner 38 milliards d’euros par an d’ici à 2050. Reste maintenant à savoir si ces résolutions de la dernière chance parviendront cette fois à se concrétiser.

 

Sources : leparisien, lemonde, liberation, francetvinfo, actu-environnement, lefigaro