Le morse, géant de la banquise

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Morses, des géants de la banquise
Morses, des géants de la banquise
On peut considérer que tous les pinnipèdes sont des animaux particuliers, mais le morse est encore plus singulier, avec ses défenses gigantesques et ses deux tonnes. C'est aussi une espèce en grande difficulté, dont l'avenir est aussi incertain que celui de la banquise.

Comment reconnaître le morse ?

Il suffit de considérer les deux énormes défenses pour assurer l'identification. Présentons quand même les autres particularités de cet animal, et faisons la comparaison avec d'autres pinnipèdes gigantesques, comme l'éléphant de mer.

Description

L'adaptation au monde polaire

Le morse est un animal massif, dont la couche de graisse, encore plus volumineuse que chez les autres pinnipèdes, a une bonne quinzaine de centimètres d'épaisseur. Le corps, chargé de cette protection adaptée aux froids de l'Arctique, est d'une largeur impressionnante.

La tête est étrange avec le museau aplati et couvert de vibrisses. Ces centaines de poils ont un rôle tactile très important dans la nuit polaire.
A part les énormes canines, le morse a très peu de dents, c'est le bord du museau qui est utilisé pour creuser le substrat et trouver la nourriture.

Comme les otaries, le morse est capable de tourner ses membres vers le sol, et peut se déplacer sur la terre ferme avec plus d'aisance qu'un phoque. En revanche, il n'utilise pas autant ses palettes natatoires que les otaries une fois dans l'eau, et présente une nage ondulée qui rappelle davantage celle des phocidés.

La peau est très épaisse, couverte de replis au niveau du cou, et également de nodules chez les mâles. Les jeunes sont bruns, mais les adultes deviennent beaucoup plus clairs en vieillissant.

Le morse possède un os pénien d'une soixantaine de centimètres, ce qui est un record. Cet os, également appelé baculum, est présent chez bien d'autres mammifères, notamment les carnivores. Il participe à l'érection chez ces animaux. Il est en revanche absent chez l'homme, chez les cétacés ou encore les équidés, chez qui l'érection est entièrement assurée par la pression sanguine. Chez les natifs de l'Alaska, le baculum du morse, mais aussi ceux des lions de mer et de l'ours polaire, sont utilisés, une fois polis, comme étui à couteau ou comme piquets de tente que l'on imbrique. Ils sont en effet creux et tubulaires. Le baculum est appelé oosik par les locaux. Si l'os pénien du morse est un record chez les espèces actuelles, le plus grand baculum connu est celui d'une espèce de morse maintenant disparue, rencontrée uniquement à l'état fossile. Ce baculum mesure 1,4 mètre.

Un mâle adulte peut peser deux tonnes et mesurer 3,50 mètres, mais on rencontre plus souvent des spécimens pesant autour de la tonne.

Défenses ou canines de morse
Défenses ou canines de morse

Les défenses, en fait deux canines extrêmement allongées, sont présentes chez les deux sexes. Elles peuvent atteindre un mètre de long (ce qui fait beaucoup d'ivoire). Ce sont cependant les mâles qui présentent les défenses les plus grandes, d'autant que ces dernières jouent un rôle dans les combats pour la reproduction et les différents comportements liés à la domination du groupe. C'est souvent le mâle avec les plus grandes défenses qui se retrouve chef du groupe.
A part les énormes canines, le morse a très peu de dents, c'est le bord du museau qui est utilisé pour creuser le substrat et trouver la nourriture.

Risque de confusions

Au sein des pinnipèdes, seul l'éléphant de mer, avec les 5 mètres du mâle et ses 2,5 tonnes, est plus grand que le morse. Mais la confusion est impossible, car ni les mâles ni les femelles d'éléphants de mer ne présentent de défenses.

Le morse et ses cousins

Le morse appartient à la superfamille des pinnipèdes, un groupe de mammifères adaptés à la vie aquatique, qui contient également les otaries et les phoques. Les plus proches parents actuels des pinnipèdes sont les ours. Cela peut paraître surprenant, mais c'est en fait logique quand on considère que ces animaux sont un merveilleux exemple de retour à la vie aquatique. Ainsi, tous les pinnipèdes proviennent d'un ancêtre commun qui vivait sur la terre ferme et ressemblait globalement à un ours. On connaît des formes fossiles à l'anatomie intermédiaire, datant de 23 millions d'années.

Au sein de la super famille des pinnipèdes, on distingue 3 familles :

  • les otariidés (otaries et espèces apparentées) ;
  • les phocidés (les phoques et les espèces apparentées) ;
  • et les odobénidés, la famille qui nous intéresse dans le présent article, un groupe monospécifique qui ne contient que le morse (Odobenus rosmarus). Le morse vit exclusivement dans les régions arctiques.


La famille des odobénidés a prospéré par le passé, et on connaît plus d'une vingtaine de formes fossiles classées dans cette famille. Toutes les espèces fossiles ne possédaient pas des défenses comme le morse, c'est une particularité de la sous-famille des odobéninés. Ce classement en sous-famille n'a de sens que si on considère les formes fossiles, le morse étant le seul représentant actuel de la famille des odobénidés. La caractéristique de l'ensemble de la famille est un système de succion particulier, permettant à ces animaux de se nourrir sur le fond.

Le plus souvent, on distingue trois sous-espèces de morse :

  • Odobenus rosmarus rosmarus , qui correspond aux populations de l'Atlantique Nord ;
  • Odobenus rosmarus divergens, pour les morses du Pacifique Nord ;
  • et Odobenus rosmarus laptevi, pour les morses de la mer de Laptev (une sous-espèce qui n'est pas reconnue par tout le monde).

Dans l'ensemble, ce classement en sous-espèces est la conséquence d'une divergence géographique qui ne dépasse pas quelques centaines de milliers d'années, il n'est donc pas imprécis de se référer uniquement au nom d'espèce pour désigner les morses dans leur ensemble.

Ethologie du morse

Tête de morse avec des vibrisses bien visibles
Tête de morse avec des vibrisses bien visibles

Alimentation
Sa plongée n'est motivée que par la recherche de la nourriture, et le morse trouve ses proies sur le fond des zones peu profondes du plateau continental. Il s'agit surtout de mollusques bivalves, que l'animal détecte avec son museau en s'aidant de ses vibrisses, au sens tactile très développé. Les lèvres, la langue et le palais forment une structure adaptée à l'aspiration, très utile pour se saisir des proies sur le substrat. Cette caractéristique anatomique existe également chez les odobénidés fossiles.
Le morse a un très large spectre alimentaire. Outre les bivalves, il consomme des crustacés en tout genre, des annélides, des concombres de mer, et finalement toute proie qu'il peut dénicher dans le substrat. Des cas de prédation sur les oiseaux et les phoques ont été observés.

Activité
Bien qu'ayant de très bonnes capacités de plongée et pouvant produire une apnée d'une demi-heure, le morse ne se rencontre pas dans de grandes profondeurs, mais quelques dizaines de mètres au maximum.
Une particularité du morse est de posséder une poche d'air au niveau du cou, ce qui permet à l'animal de flotter tête à la surface, et de se reposer ainsi dans l'eau, totalement immobile.
Les animaux se regroupent de janvier à mars autour de morceau de banquise pour la reproduction, les mâles se battant très violemment devant les groupes de femelles.
Hors de la saison de reproduction, les morses migrent, quittent les glaces arctiques, et se retrouvent en été et en automne sur des plages ou des zones rocheuses plus au sud.

Prédateurs

Orque-épaulard
Orque-épaulard

Le morse a trois ennemis : l'homme, l'ours polaire, et l'orque.

Pour l'orque, c'est une constante, ce cétacé peut attaquer n'importe quel animal, y compris la baleine bleue. Il n'est donc pas étonnant que le morse fasse partie de la longue liste des animaux énormes et pourtant ramené au rôle de proie face à l'orque.
On pourrait faire le même commentaire avec l'homme, qui n'a pas de limite dans sa chasse.
Le cas de l'ours polaire est plus étonnant. En général, l'ours se rue dans un groupe de morses, créant la panique et l'écrasement des jeunes spécimens, qu'il peut ensuite dévorer. Des attaques plus rares d'ours sur des gros morses adultes ont été documentées et même filmées. Il s'ensuit un combat qui semble ne jamais finir, avec pourtant la mort du morse au final, saigné par l'ours polaire.

Reproduction
Les femelles sont mâtures vers 6 ans, les mâles vers 7 ans, mais ces derniers ne peuvent prétendre participer à la reproduction que lorsqu'ils peuvent combattre les autres mâles, soit une quinzaine d'années. Les combats sont sonores et rythmés par des mouvements d'intimidation. Les femelles rejoignent les mâles dans l'eau pour la copulation. Le mâle dominant dispose de son harem. La gestation dure 15 mois, les petits naissant en général durant la migration de printemps vers le sud.
Un jeune morse pèse entre 50 et 75 kilos et restera au moins un an près de sa mère.

Carte d’identité du morse

Classe: Mammifères
Ordre : Carnivores
Famille : odobénidés
Nom : Odobenus rosmarus



Article réalisé par Arnaud Filleul.

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Mots clés :mammifèresmorse